Le moustique tigre : mieux le connaître pour mieux lutter

L’implantation du moustique-tigre est irréversible, car il s’est adapté au climat tempéré, du fait du réchauffement climatique qui favorise son extension vers le Nord. L’installation du moustique-tigre entraîne une vraie perte de la qualité de vie des populations. Retrouver une qualité de vie que nous avons perdue est l’affaire de tous.

Le printemps et les beaux jours reviennent, et nous devons nous préparer à l’arrivée des moustiques. Il y a environ 3000 espèces de moustiques dans le monde, et plus de 30 espèces dans le Sud de la France. En 2012, une nouvelle espèce Aedes albopictus appelé moustique-tigre a colonisé notre département. Il s’étend progressivement à la surface de la planète depuis une trentaine d’années. Il est originaire d’Asie du Sud-Est. Sa dissémination s’est faite grâce aux transports de marchandises particulièrement des pneus usagés. Ceux-ci se remplissent d’eau de pluie et les œufs qui avaient été pondus à l’intérieur dans leur pays d’origine peuvent ainsi éclore. L’implantation du moustique-tigre est irréversible, car il s’est adapté au climat tempéré, du fait du réchauffement climatique qui favorise son extension vers le Nord. Le moustique-tigre est un tout petit moustique de 4-5 mm maximum. Il est noir avec des anneaux blancs sur les pattes, et il a une ligne médiane blanche bien visible qui partage la tête et le thorax en deux. Les femelles des moustiques pondent leurs œufs à la surface de l’eau ou sur la boue. Les œufs peuvent résister à la sécheresse, ce qui permet leur conservation pendant la saison sèche. Les œufs vont éclore et donner des larves qui vivent dans l’eau, puis des adultes mâles et femelles. Seules les femelles piquent car elles ont besoin de sang pour fabriquer leurs œufs. En été, le développement des larves dure 15 à 20 jours en fonction de la température. Chaque ponte contient de 50 à 100 œufs. Un rapide calcul permet de se rendre compte de l’importance de la descendance. Les femelles vivent environ un mois. A partir de l’automne, les œufs entrent en hibernation pendant tout l’hiver. Ils vont éclore à la fin du printemps dans les gîtes remplis d’eau.

Le moustique-tigre est un moustique urbain et péri-urbain. Il se développe uniquement dans les eaux stagnantes de petite quantité, toujours dans des récipients et objets laissés par les habitants : coupelles sous les vases des fleurs, boîtes de conserves, bidons, seaux, tonneaux, caniveaux, gouttières, jouets d’enfants… Les piscines non entretenues contenant des résidus d’eau peu chlorée sont des gîtes potentiels. Le moustique-tigre est très agressif vis-à-vis de l’homme. Il pique pendant la journée, surtout à l’extérieur, avec un pic au lever du jour et à la tombée de la nuit, mais il peut continuer à piquer la nuit. Il se déplace très peu, environ 100 m à 150 m maximum de son lieu de ponte. Lorsque vous êtes piqué par un moustique-tigre, c’est que le gîte est chez vous ou dans votre voisinage très proche. La piqûre du moustique-tigre est douloureuse, et il semble que les réactions allergiques sont plus importantes que celles des autres moustiques. On constate une importante réaction locale douloureuse au toucher, un gonflement, des ecchymoses de 2-3 cm pouvant entraîner une fièvre transitoire. Il convient d’être très vigilant avec les bébés et les enfants chez lesquels un nombre important de piqûres peut entraîner de la fièvre. Le moustique-tigre peut être vecteur de trois maladies : dengue, chikungunya et zika. Cependant, les risques sanitaires en France métropolitaine sont faibles, mais ils existent ; il y a eu plus de 50 cas autochtones ces dernières années chez des personnes n’ayant jamais voyagé. En prévention, il faut donc impérativement éviter la formation des gîtes larvaires. S’il n’y a pas d’eau, les œufs ne pourront pas éclore, et il n’y aura pas de moustiques. Les gestes sont très simples : vider tous les points d’eau dans les jardins et couvrir les récipients. Ces gestes doivent être faits par tous, afin d’éviter les moustiques du voisinage. Éliminer toutes les petites collections d’eau de nos jardins peut faire disparaître 80% des nuisances. En effet, la presque totalité des populations de moustiques-tigres sont produites par les particuliers. L’installation du moustique-tigre entraîne une vraie perte de la qualité de vie des populations. Retrouver une qualité de vie que nous avons perdue est l’affaire de tous. En cas de suspicion d’un cas de dengue ou de chikungunya, l’Agence Régionale de Santé permet les traitements insecticides contre les moustiques adultes sur un territoire de 150 m de rayon environ autour du lieu d’habitation du cas suspect. Des précautions doivent être prises pour éviter toute exposition des habitants et des animaux. De plus, les insecticides autorisés ont une efficacité limitée. Il existe dans nos régions en plus du moustique-tigre plusieurs autres espèces de moustiques dont certains pénètrent à l’intérieur des maisons. Elles sont liées à la présence des points d’eau stagnante : mares, fossés, … Jacqueline Blatger Docteur en Entomologie Médicale


Pour télécharger un « mémo » récapitulant les gîtes larvaires près de chez soi et les recommandations simples pour limiter la prolifération, cliquez sur l’image. 02-26.jpg

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